A Paris, une mosquée obtient l’expulsion d’un imam concurrent
Par Le Figaro avec Reuters, Publié le 29 août 2019 à 19:05
La mosquée parisienne dite «de Stalingrad», dans le XIXe arrondissement, a obtenu en justice l’expulsion, pour occupation illégale, d’un imam concurrent qui prêchait dans le même quartier sous une tente porte de la Villette, a appris l’AFP jeudi.À lire aussi : Comment l’État mène la lutte contre les mosquées radicales
Ce jugement visant l’imam Larbi Kechat, une figure de l’islam en France, et de trois associations qu’il anime, rendu mercredi par le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris et que Reuters a pu consulter, marque l’issue d’une longue bataille de légitimité entre l’équipe qui gère aujourd’hui la mosquée Stalingrad, l’Acima (Association cultuelle islamique mosquée Adda’wa) et l’équipe d’origine, celle de l’imam Kechat.
Promoteur dans les années 80 de la mosquée Stalingrad/Adda’wa, rue de Tanger, l’imam Kechat avait dû quitter ce lieu emblématique en 2015 à l’issue d’une autre bataille judiciaire. Il s’était depuis «exilé» porte de la Villette sur un terrain de la Ville de Paris, à côté des locaux des «Restos du Coeur». Or, ce terrain porte de la Villette a été prêté à titre précaire par Paris à l’association Acima animée par la nouvelle équipe, laquelle voulait le récupérer, entre autres pour mieux organiser – en ayant deux sites – la grande prière du vendredi.
Ce jour-là, plusieurs milliers de personnes se rassemblent au rez-de-chaussée de la mosquée Stalingrad, rue de Tanger. Dans son jugement en référé, le TGI de Paris fait droit à la demande de la nouvelle équipe. «A défaut de restitution volontaire des lieux», il ordonne l’expulsion de l’imam Larbi Kechat, du terrain de la Villette, «avec l’assistance de la force publique», si nécessaire.À lire aussi : À Bergerac, un projet de mosquée cristallise la colère des riverains
«Sans droit ni titre»
Cette occupation «sans droit ni titre (…) constitue un trouble manifestement illicite», juge le tribunal, qui donne huit jours à l’imam Kechat et ses associations, à compter de la signification de sa décision, pour quitter les lieux, sous astreinte de 1000 euros par jour de retard. Ce jugement «en état de référé» est susceptible d’appel, mais n’est pas suspensif, indique l’avocat de l’association, Me Alain Garay. L’Acima entend le faire exécuter en saisissant un huissier, ajoute-t-il. L’avocat de Larbi Kechat, Me Ahcene Taleb, n’a pu être joint pour un commentaire.
«Ce jugement met un terme à l’aventure individuelle d’un recteur qui refusait de respecter les droits légitimes de la Mosquée Adda’wa sur le site de la Porte de la Villette», indique le président de l’Acima, Ahmed Ouali, dans un communiqué. Une fois le terrain récupéré, Ahmed Ouali explique qu’il travaillera à mieux réorganiser la prière du vendredi pour ne faire plus qu’un service au 39, rue de Tanger – au lieu de deux tant l’affluence est grande – et organiser un deuxième service porte de la Villette. Quelque 3000 fidèles pourraient au total se recueillir sur les deux sites. «Il n’y a pas deux mosquées, il n’y a qu’une seule avec deux sites», déclare Ahmed Ouali à Reuters.
Rue de Tanger, l’Acima va également poursuivre la construction de la Mosquée Adda’wa, qui n’est toujours pas achevée près de 20 ans après l’attribution du permis de construire par l’ancien maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë.